Comment rééquilibrer l’asymétrie de ses émotions pour vivre mieux ?

Savez-vous que notre cerveau possède une inclination naturelle à vivre plus intensément les émotions négatives que positives ? Cela provoque notamment un phénomène désormais bien connu, l’aversion à la perte, un biais décrit par D. Kahneman et A. Tversky, deux éminents chercheurs en économie comportementale. Ainsi, à ampleur égale, perdre nous cause plus de douleur que gagner. Si vous doutez d’être concerné, faites mentalement ce petit exercice : Jouons à pile ou face. Pour accepter de jouer avec moi, combien faut-il que vous gagniez si vous savez que vous risquez de perdre 100 euros en cas de mauvaise main ? (analyse en bas de cet article). Le marketing et les sources d’information l’ont bien compris, c’est plus vendeur d’activer notre peur de perdre que notre désir de gagner …

Mais ce fonctionnement « automatique » de notre cerveau teinte notre vie de tous les jours et sa capacité d’influence peut devenir pénible pour soi-même et pour notre entourage. Prenons une situation commune : je me lève le matin et dès les premières minutes, les tracasseries happent mon mental (je vais être en retard, quand vais-je faire les courses tandis qu’il n’y a plus rien dans le frigo, je ne sens pas cette réunion à venir avec le client Tatillon, …). Tout cela est renforcé par le fil d’actualité que bien sûr je lis en buvant mon café, apportant son lot de mauvaises nouvelles. La tête pleine de ces pensées, je ne profite pas vraiment de ce moment matinal avec mes proches, eux aussi dans leurs tracasseries personnelles (à chacun son lot !) ou de ce magnifique lever de soleil chaleureux tandis que nous entrons dans l’automne … Pourtant, si j’avais pris le temps, juste quelques minutes, d’apprécier ce qui va déjà bien, mon début de journée m’aurait « conditionnée » avec un tout autre état d’esprit !

C’est le principe que je vous invite à expérimenter, pour rééquilibrer votre balance émotionnelle en réactivant consciemment vos émotions positives. Citons quelques-unes de ces émotions positives : la joie, la gratitude, la fierté, la sérénité, l’émerveillement, l’inspiration, l’espoir … Que se passe t-il en vous tandis que vous lisez chacun de ces mots avec concentration ? Bon début ! On poursuit …

L’idée est simple : prendre le temps, au début de la journée ou lorsque vous faites une petite pause, de repenser à cette liste d’émotions positives et de vous poser à vous-même cette petite série de questions : Quand ai-je ressenti cette émotion pour la dernière fois ? C’était où, avec qui, je faisais quoi, … Revivez ce moment en replongeant dans son souvenir. Puis passez à l’étape suivante : Qu’est-ce que cette émotion m’apporte pour aujourd’hui ?

Et voilà, vous êtes rééquilibré dans vos émotions, même si le négatif est encore un peu plus lourd, il ne prend pas toute la place de votre mental, vous êtes alors plus en capacité de mobiliser vos forces, vos talents et votre énergie !

Pour aller plus loin :

Barbara Frederickson, Positivity, Crown publishers, 2009.

Tversky, A. & Kahneman, D. (1991). Loss Aversion in Riskless Choice: A Reference Dependent Model. Quarterly Journal of Economics 106, 1039-10 index

Si vous avez répondu 200 euros, comme la plupart des personnes, cela indique un coefficient d’aversion de 2. Si vous avez répondu 101 euros, c’est que votre logique l’a emporté et votre coefficient d’aversion est très bas, dans ce cas. Mais nous ne réagissons pas tous de la même façon selon la nature du risque auquel nous sommes exposés …